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Ce fut au mois de juin, à Villeneuve-d’Ambeuse, un beau soir qu’il pleuvait. Il avait reçu la veille un sms sommaire lui expliquant de s’y rendre, pour un dîner qu’on imaginait plutôt « teuf ». La pensée qu’il la reverrait l’avait tenu éveillé toute la nuit, qu’il passa entre son lit, peuplé des rêves les plus tendres, et l’écritoire de sa chambre devant lequel il s’asseyait afin d’y consigner toutes sortes de secrets moins avouables. Alors qu’il dormait enfin, la lueur de l’aube illumina d’un coup le sol de la (...)
19 septembre 2011, par Xavier Garnerin
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Le ciel silencieux au fond de moi plongeait. Soudain, devant mes yeux, l’ombre mystérieuse D’un inconnu surgit. Sa forme harmonieuse Ravive en mon esprit un souvenir que j’ai.
Je m’imagine alors, corps tendu comme un arc, Mon amant d’autrefois, ami de Michel Ange Dont le corps d’ambre blond, et le visage d’ange Me hantent chaque nuit. Je le suis dans le parc.
C’est bien lui ! Quel bonheur ! Mon amour, mon grand maître Va s’élancer vers moi... Mais son trop long silence Résonne comme un glas, terrible (...)
22 septembre 2011, par MO
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J’étais arrivée en Cornouailles avec les enfants par le train du matin ; j’avais passé les deux heures du trajet le nez dans mon livre, de peur de croiser leurs regards mais, une fois sur le quai, je vis leurs trois paires d’yeux subrepticement traversées par l’ombre du regard noir de leur père. J’étais assaillie des souvenirs du pique-nique de l’année passée – le verre cassé, la nappe blanche maculée de vin, le ballon emporté par le courant du fleuve –, c’était le dernier été de James.
Ce ne fut pas ma (...)
26 septembre 2011, par Marianne Desroziers
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Lever, tel du bon pain, à une heure située entre minuit et six heures, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre pour pouvoir dialoguer sereinement avec sa femme. Puis, d’un pied alerte, dans la foulée, si j’ose dire, la cérémonie du café sur le balcon, qui s’apparente, mais de très loin, à l’annonce que habemus papam et qu’il est pas encore tout à fait prêt à discourir.
Ablutions furtives dans le plus proche ruisseau. À défaut de ruisseau, bataille de pistolets à eau dans la chambre des enfants (...)
3 octobre 2011, par Claro
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Les rires clairs Flottent dans l’air Du printemps Gonflant mon cœur D’une vigueur De vingt ans.
Monte la sève Tandis que rêve Mon amant ; Je me souviens Des jeux anciens Et je mens ;
Et je me sauve À pas de fauve Pourchasser Ici et là Une belle à Embrasser.
10 octobre 2011, par Franck Garot
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Je suis né, j’ai vécu au sommet de ces tours Dont les néons blafards décolorent la nuit Et dont les ascenseurs en panne tous les jours Illuminent de tags les murs pourris d’ennui.
Les larsens vibraient seuls dans ces déserts figés. « Fuck you Sarko, hey mort aux keufs, niquez vos mères » Rappaient de grands lascars en panne de projet Coincés entre Reebok, RSA et les Frères.
C’est à l’hosto que j’ai clamsé dans le couloir Avec clodos, paumés, compagnons de panade, Tous les habitués des paniers à salade, (...)
17 octobre 2011, par Magali D.
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En mon jardin s’éveille un lilas redoutable Qui sent monter en lui une sève effroyable, Depuis qu’il a détruit mon mur haut de trois mètres. On saura de quel bois est fait ce nouveau maître ! Ravage et destruction, voilà de quoi il rêve. Fendons le globe, enfin ! Lézardons, et qu’on crève ! Moi peu m’importe au fond sa brûlante colère, Car je n’attends de lui qu’une ombre salutaire. Je m’endormis confiant sous sa grappe odorante : Il m’en punit d’un songe à la saveur sanglante. Je me vis en pêcheur, hissant (...)
20 octobre 2011, par Sylvie Lainé
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Le linceul blanc D’un hiver lent Abandonne La fleur de givre Au carreau ivre Qui s’étonne.
Auprès du feu Mon ventre creux S’engourdit, Tant pis pour celle Qui fut ma belle, Je l’oublie ;
Et je m’endors Bercé par l’or Des tisons, Quand ils crépitent J’entends la fuite Des saisons.
3 novembre 2011, par Sylvie Lainé
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Ce siècle au dernier quart était venu ! La carte À puce remplaçait, jusqu’au fond de la Sarthe, La bourse (le pécule) et l’identité (moi), Annonçant que serait brisé le quant-à-soi. Et alors dans Amiens, vieille ville agricole, Jeté comme escargot sur feuille de scarole, Naquit d’un sang picard et créole à la fois Un enfant aux cheveux rouges et discourtois, Si docile qu’il fut, surtout après trois bières, Enragé à jouer ce monde d’après guerre, Passant les jours de pluie sur Tétris et Mario, Les autres (...)
31 octobre 2011, par Joachim Séné
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Je n’ai jamais ce rêve affreusement banal D’un fondant chocolat tout tartiné de crème Dont le cœur bien coulant est si souvent le thème Dans les salons de thé d’un bravo général.
Le crumble à la pomme est seul mon adoré Lui seul peut me combler et c’est lui seul que j’aime Saupoudré de gingembre et cannelle ou bien même Seulement croustillant, bien beurré, bien doré.
Vaut-il mieux sucre blond, sucre brun ? Je l’ignore. Quelle cuisson ? Je me souviens : deux cents degrés, On peut compter vingt-cinq minutes (...)
21 novembre 2011, par Magali D.