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Ici on ne voit rien, ça a été voulu par l’artiste, vous comprenez. Clic-clac. Né en 1941 à Bergenstatten, regardant dès son plus jeune âge couvert dans son couffin d’une couverture acrylique bleu fluo les vaches brouter le bas du paysage d’un œil écarquillé, ferme à large toit bien au-delà des fenêtres, air pur même pour les marmottes, dans la brise comme un fumet de crottin et vzoum c’est parti, maman lui tartinait à même la huche son quatre-heures avec ce qui devint plus tard le Nutella, grand-père (...)
6 octobre 2011, par Xavier Garnerin
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On demandera à Nicolas, dont la prétention n’est que de diriger le pays, ce qu’il pense de la petite cuillère, tout en la produisant obligeamment sous son grand nez obséquieux, et la réponse sera ainsi connue de tous : rien. Nicolas n’en pense rien. On se demandera alors si l’individu pense quelque chose ou dans quels tréfonds s’est égarée la belle page de son discours. Notre homme s’emporte, il aurait attendu d’un possible dirigeant une réponse d’une portée plus ample et d’une attitude plus altière. Pour (...)
27 octobre 2011, par Xavier Garnerin
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Tante Eugénie me reproche mes activités littéraires, dénonce ma pratique du aïe-cul qui serait contre nature et m’invite à me confesser, à me rapprocher de Dieu car selon elle, il n’est de plus beau poème que le psaume. Mais non, Tata, lis mon dernier haïku :
le père le fils le saint esprit
Installé dans le café où j’ai mes habitudes, j’entends mon voisin expliquer à son fils d’environ huit ans ce que tout homme doit savoir : Tu ne le diras pas à maman, hein ? Oui, il ne faut jamais faire souffrir (...)
20 octobre 2011, par Franck Garot
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Première Gnossienne composée et interprétée par Franck Garot Extrait de Quatre Gnossiennes de Franck Garot
3 novembre 2012, par Franck Garot
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500 g de cerises 3 œufs 150 g de farine 150 g de sucre en poudre 10 g de levure délayée dans l’eau chaude 100 g de beurre une tasse de lait
Elle déposa les cerises dans une terrine beurrée et regarda par la fenêtre. Les enfants couraient sur la pelouse, Nicholas, qui avait déjà atteint les massifs des tritomas rouge flamboyant, se retournant pour attendre les autres. Elle revint aux cerises, pois rouges sur fond blanc, si gais et si plaisants, avec leurs noyaux durs invisibles qu’elle n’enlèverait (...)
14 novembre 2012, par Mark Crick
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édition du 9 avril 2016 : corrections de l’auteur d’après les remarques de Laurent Mauvignier
Ce regard quand elle est rentrée et qu’elle m’a vue dans sa cuisine avec ses filles, quand elle m’a vue leur préparer des pancakes. Ce même regard qu’elle adressait à son père avant, ce regard terrible. Et moi, dans sa cuisine. Moi ne sachant que faire de ce regard, incapable de le soutenir, cherchant à désamorcer une charge, ou à baisser une tension électrique. Ce sont les petites qui – Ce ne sont plus des (...)
8 septembre 2011, par Franck Garot
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Bock se leva, se dirigea vers les escaliers, se prit les pieds dans la carpette et tourneboula cul par-dessus tête jusqu’au bas des marches, puis s’affala dans l’entrebâillement d’une porte. Comme une flaque. Comme un ballot. Comme un ballot-flaque. Le matin, c’était un peu tous les jours comme ça.
Il n’était pas dans les habitudes de Bock de se plaindre de sa destinée, pas plus qu’il n’était dans celles de la destinée de se plaindre des habitudes de Bock. Il n’était d’ailleurs pas non plus dans les (...)
1er septembre 2011, par Xavier Garnerin
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Quand mon âme vomit la beauté, le divin, Les chœurs harmonieux et la femme trop pure, Ma gourme la conduit par une sente obscure Vers la case aux relents de vanille et de vin.
Nu sur le lit m’attend le corps noir et puissant D’une esclave à l’œil las, délivrant sa chair veule. Sous sa bouche corail, frémit, se cambre et feule Une vestale juive au saphisme innocent.
Hanches et seins blafards, ventre et cuisses d’ébène Ne sont plus qu’un grouillis de stupre et de désirs. Ô temples entr’ouverts, ô (...)
24 octobre 2011, par Georges Flipo
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La chaleur devenait étouffante, une cloche tinta, des tourterelles s’envolèrent, et, les fenêtres ayant été fermées sur l’ordre du président, une odeur de poussière se répandit. Il était vieux, avec un visage de pitre, une robe trop étroite pour sa corpulence, des prétentions à l’esprit ; et ses favoris égaux, qu’un reste de tabac salissait, donnaient à toute sa personne quelque chose de décoratif et de vulgaire. Comme la suspension d’audience se prolongeait, des intimités s’ébauchèrent ; pour entrer en (...)
1er septembre 2011, par Marcel Proust
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Caryn me regarde, à moins que ce ne soit Maureen, je ne sais pas les distinguer, elle me fixe d’un œil mauvais car elle n’approuve pas ma réponse, alors qu’elle n’en aurait de toutes les façons pas plus approuvé une autre, quelle qu’elle fût. Mes filles rejettent et critiquent tout ce que je dis, me reprochant sans cesse qu’elles n’ont pas de père, par ma faute. Elles pensent que j’ai décidé qu’elles n’auraient pas de père, alors que je ne sais toujours pas comment j’ai pu tomber enceinte, et je n’ai aucune (...)
29 septembre 2011, par Franck Garot