En mon jardin s’éveille un lilas redoutable
Qui sent monter en lui une sève effroyable,
Depuis qu’il a détruit mon mur haut de trois mètres.
On saura de quel bois est fait ce nouveau maître !
Ravage et destruction, voilà de quoi il rêve.
Fendons le globe, enfin ! Lézardons, et qu’on crève !
Moi peu m’importe au fond sa brûlante colère,
Car je n’attends de lui qu’une ombre salutaire.
Je m’endormis confiant sous sa grappe odorante :
Il m’en punit d’un songe à la saveur sanglante.
Je me vis en pêcheur, hissant dans mes filets
Un congre, ou une ablette, un genre de brochet,
Convulsant frénétique en spasmes de souffrance.
Mon cœur s’émut bien sûr devant cette monstrance,
Je lui tendis ma gourde, et servis un gorgeon.
On aime offrir à boire, à côté de Dijon !