Ce gel aseptisant assure avec la dignité d’un sergent l’hygiène des mains. La lâcheté de sa forme visqueuse et vaporeuse se répand sur la peau formant une couche blanche et brillante, informe et fraîche, présente et absente. On s’enivre de son odeur vague et volatile comme le rêve d’un ivrogne et on se plie à la mécanique du geste imposé, presque religieux. Les mains se recroquevillent pour l’obole liquide de l’hostie sanitaire. Ainsi, aux antipodes de la saoulerie sauvage, la solution hydroalcoolique, destinée à être distribuée, effectue doctement son sacrifice cutané.