C’est un large fauteuil — Louis quinze peut-être —
Il est là dans un coin avec des airs de veuf
Son beau reps jaunissant n’est plus tout à fait neuf,
Et son bois très ancien fleure encor bon le hêtre.
Que fait-il esseulé, ce vénérable ancêtre
Qu’éclaire la lueur sourdant d’un œil de bœuf ?
Son dossier disparaît dessous un drap d’Elbeuf
Et ses bras sont tendus, semblant chercher un maître.
Il se souvient, c’est sûr, des grands postérieurs,
Des bandes de gamins sautant sur lui, rieurs,
Des fessiers de marquis, des croupes de duchesses.
Ah ! fauteuil du bon temps, tu connais les dessous
Et tu nous contes là les subtiles caresses
Quand tes ressorts usés chantent des amours fous.