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En voyage, à travers la fenêtre d’un train, nous voyons toutes ces vies figées par un peintre ou par un photographe, ces vies que nous pouvons mieux voir et mieux comprendre grâce aux questions que leur suspens porte, mieux que si nous les connaissions, étions leur voisin. Je veux parler de ces maisons, jardins, hommes et femmes que nous voyons en un instant qu’eux-mêmes auront bientôt oublié, mais qui pour nous restera peut-être toujours, et qui nous en dit sur la vie plus que nous n’oserons jamais (...)
17 février 2012, par Richard Lebeausale
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Y a-t-il au monde meilleur endroit qu’un aéroport pour errer sans but et rêver ? Aller le nez en l’air sous des baies vitrées qui invitent à entrer dans le ciel, ouvertes vers lui, elles le mettent en scène comme si nous n’avions jamais levé les yeux avant. C’est ici le seul vrai lieu d’où l’esprit peut s’élancer. Il y a ce plafond de béton si léger et si haut qu’on n’en mesure ni la taille ni la distance, il est à lui seul un ciel à notre portée (je pourrais escalader les fragiles piliers métalliques qui (...)
5 septembre 2011, par Richard Lebeausale
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C’était sur un marché, dans les files d’attente entrecroisées du poissonnier, du fromager et du marchand de bonbons. Ou dans le rayon d’un supermarché ; rayon alcools ou cosmétiques, jouets ou peut-être biscuits apéritifs. Cette femme courte et haute disait ce qu’elle pensait dans de longues haines. Elle était ridée mais ses yeux étaient jeunes. Peut-être était-ce le contraire mais ce que je sais : son visage. Son visage s’imposait comme connu alors même que j’étais sûr de ne l’avoir jamais vu. Elle (...)
17 novembre 2011, par Richard Lebeausale
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Ils disparaissent dans les bouches creusées à même le trottoir. Ils, c’est nous, c’est eux, ce sont tous ces corps pressés tôt le matin levés pour aller servir. Que les rues soient ensoleillés, que les fleurs aux branches des arbres pleuvent leurs pétales roses et blancs sur le trottoir, que le vent soit chaud ou froid, que le ciel soit bleu ou écorce de neige prête à tomber pour tout verglacer, toujours, le matin, à huit heures, hors jours de repos établis, s’engouffre dans ces étroits couloirs une (...)
12 septembre 2011, par Richard Lebeausale
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En vacances, oisifs, les hommes, pères de famille, apparaissent torse nu, en tongs et en caleçon ; ils deviennent porteurs de bateaux pneumatiques légers mais encombrants qu’ils promènent sur leur tête le long des chemins des plages. Piroguiers modernes qui rentrent en fin de journée dans leur case climatisée avec leur tribu piailleuse.
Marie ne comprend pas l’utilité d’un chien à part celle de promener son maître à travers la ville.
Elle a l’eau courante : elle n’est pas plus heureuse pour (...)
3 octobre 2011, par Estelle Ogier
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Comme je descendais de Javel à Passy, Je ne me sentis plus Môquet par les Pasteur, Des peaux-rouges criards les avaient Pernety, Les ayant Cité nu aux Monceau de couleurs.
Gaîté insoucieux de toutes Olympiades, Jussieu de blé Morland ou Mouton-Duvernet, Quand avec mes Pasteur a prit fin l’Esplanade, Pont-Neuf m’a laissé descendre à Arts et Métiers.
Dans le Parmentier lent furieux des Pyrénées, Moi, l’autre hiver plus Robespierre que Défense, Je courus, et tous les Robinson démarrés N’ont pas subi (...)
10 octobre 2011, par Joachim Séné
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Pour les deux Joachim. Joachim Sené, bien sûr, et celui du Bellay.
Heureux qui à New-York a fait un beau voyage, Cueilli sur gratte-ciel un reflet de saison, Traversé Brooklyn Bridge en pleine lunaison Vu valser à Times Square une ronde d’images.
Il fait la gueule, hélas, à son petit village, Regrette Central Park, Fifth Avenue, Madison, Et pour le faste fou de la Frick Collection Donnerait tout Beaubourg, le Louvre, et davantage.
Car plus que le séjour qu’ont bâti ses aïeux, Lui plaît dans la (...)
23 novembre 2012, par Magali D.
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À P. VRLN
P bleu, V blanc, R brun, L noir, N or : consonnes, P Partir, mon regard peint la Mare nostrum L’Égypte puis Aden, nouvel exil d’un homme Aux semelles de vent, mais mon cœur à London ;
V nectar séminal versé dans ton calice Stérile et défendu ; R moulant dans le tube La céleste praline, et moi, jeune succube, Qui t’emmenai, poète, au poste de police ;
L, Love dans cette Ville enfumée de charbon Misère et coups, rupture, ô tristes vagabonds, Tu partis vers Anvers, me laissant sur le pier ;
N (...)
17 décembre 2012, par Franck Garot