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Tante Eugénie me reproche mes activités littéraires, dénonce ma pratique du aïe-cul qui serait contre nature et m’invite à me confesser, à me rapprocher de Dieu car selon elle, il n’est de plus beau poème que le psaume. Mais non, Tata, lis mon dernier haïku :
le père le fils le saint esprit
Installé dans le café où j’ai mes habitudes, j’entends mon voisin expliquer à son fils d’environ huit ans ce que tout homme doit savoir : Tu ne le diras pas à maman, hein ? Oui, il ne faut jamais faire souffrir (...)
20 octobre 2011, par Franck Garot
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édition du 9 avril 2016 : corrections de l’auteur d’après les remarques de Laurent Mauvignier
Ce regard quand elle est rentrée et qu’elle m’a vue dans sa cuisine avec ses filles, quand elle m’a vue leur préparer des pancakes. Ce même regard qu’elle adressait à son père avant, ce regard terrible. Et moi, dans sa cuisine. Moi ne sachant que faire de ce regard, incapable de le soutenir, cherchant à désamorcer une charge, ou à baisser une tension électrique. Ce sont les petites qui – Ce ne sont plus des (...)
8 septembre 2011, par Franck Garot
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Bock se leva, se dirigea vers les escaliers, se prit les pieds dans la carpette et tourneboula cul par-dessus tête jusqu’au bas des marches, puis s’affala dans l’entrebâillement d’une porte. Comme une flaque. Comme un ballot. Comme un ballot-flaque. Le matin, c’était un peu tous les jours comme ça.
Il n’était pas dans les habitudes de Bock de se plaindre de sa destinée, pas plus qu’il n’était dans celles de la destinée de se plaindre des habitudes de Bock. Il n’était d’ailleurs pas non plus dans les (...)
1er septembre 2011, par Xavier Garnerin
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Caryn me regarde, à moins que ce ne soit Maureen, je ne sais pas les distinguer, elle me fixe d’un œil mauvais car elle n’approuve pas ma réponse, alors qu’elle n’en aurait de toutes les façons pas plus approuvé une autre, quelle qu’elle fût. Mes filles rejettent et critiquent tout ce que je dis, me reprochant sans cesse qu’elles n’ont pas de père, par ma faute. Elles pensent que j’ai décidé qu’elles n’auraient pas de père, alors que je ne sais toujours pas comment j’ai pu tomber enceinte, et je n’ai aucune (...)
29 septembre 2011, par Franck Garot
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C’était sur un marché, dans les files d’attente entrecroisées du poissonnier, du fromager et du marchand de bonbons. Ou dans le rayon d’un supermarché ; rayon alcools ou cosmétiques, jouets ou peut-être biscuits apéritifs. Cette femme courte et haute disait ce qu’elle pensait dans de longues haines. Elle était ridée mais ses yeux étaient jeunes. Peut-être était-ce le contraire mais ce que je sais : son visage. Son visage s’imposait comme connu alors même que j’étais sûr de ne l’avoir jamais vu. Elle (...)
17 novembre 2011, par Richard Lebeausale
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« Je voudrais, je voudrais cher vendeur, très cher fournisseur, amical professionnel, ce que vous faites de plus délicat comme laine, la plus douce, la plus travaillée, la plus artisanale car j’aime la douceur et la finesse, le travail des hommes et le goût moderne et la surprise. Donc si cette laine vous l’avez hardiment teinte, filée, tricotée, si les couleurs et la trame sont inattendues et pourtant évidentes, eh bien je prends, qu’importe le prix. »
Ce à quoi le vendeur répond : « J’ai mieux pour (...)
29 septembre 2011, par Richard Lebeausale