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Quand mon âme vomit la beauté, le divin, Les chœurs harmonieux et la femme trop pure, Ma gourme la conduit par une sente obscure Vers la case aux relents de vanille et de vin.
Nu sur le lit m’attend le corps noir et puissant D’une esclave à l’œil las, délivrant sa chair veule. Sous sa bouche corail, frémit, se cambre et feule Une vestale juive au saphisme innocent.
Hanches et seins blafards, ventre et cuisses d’ébène Ne sont plus qu’un grouillis de stupre et de désirs. Ô temples entr’ouverts, ô (...)
24 octobre 2011, par Georges Flipo
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Rêveur, Scapin Gratte un lapin Sous sa capote.
Colombina, — Que l’on pina ! — — Do, mi, — tapote
L’œil du lapin Qui tôt, tapin, Est en ribote...
3 novembre 2011, par Arthur Rimbaud
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Le doux refrain Du slow sans fin De l’été Berçait nos corps De ses accords Répétés.
Tout transpirant Et rouge, quand Il s’achève, J’arrive à prendre Tes lèvres tendres C’est le rêve.
Et nous partons Vers ton futon Pour, tout nus, Danser le feu D’un pas de deux Inconnu.
28 novembre 2011, par Magali D.
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Rien.
Sinon une quiche lorraine.
Les petits lardons d’une épaisseur inférieure ou égale à trois millimètres égayent une garniture dorée à souhait et légèrement gonflée, comme par un désir. La pâte brisée nargue les vol-au-vent situés à trente et un centimètres et demi du bord gauche de l’assiette plate en grès dans laquelle elle repose, tandis qu’à son côté gît une salade alanguie. Monsieur la mélangera peut-être avec une cuillère et une fourchette en bois. Grand bien lui fasse. Du vin rouge, situé à un angle de (...)
12 décembre 2011, par Marianne Desroziers
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Dans le palais de jade où tu tisses tes, rêves, Ô mon spleen, je contemple, en fumant le houka, L’étrange accouplement qui rapproche deux Èves : La géante Chum-Chum, la naine Sélika.
Chum-Chum vient de la Chine et Sélika d’AfrIque, L’une, jaune, est pareille à quelque énorme coing, L’autre est couleur de nuit, Sapho microscopique, Et leur disparité s’oppose et se conjoint.
De la gloire pourtant leur entr’ouvrant la porte, Je peux les égaler à ces affreux dragons Qu’un amour de poète en son sillage (...)
19 décembre 2011, par Charles Müller,
Paul Reboux
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Mon cher Roger,
Miracle ! Extase ! Zeus condescend, en personne. Me téléphone à moi. Je l’avais honoré d’une milliardième épistole dos au mur : Voyage et M à crédit dans la Pléiade très très vite, n’essayez pas de m’enterrer je bouge toujours, la thune à la signature s’il vous plaît Éditeur Formidable, sinon je m’en vas ailleurs où l’on m’appelle très gentiment, ce qu’il sait. Gallimoche sait tout.
Tout d’un coup, la Pléiade pour laquelle je gémis, rugis, supplie, menace, crisse et hérisse inutilement à m’en (...)
3 janvier 2013, par Héléna Marienské
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À A. RMBD
R noir, M vert, B blanc, D violet : consonnes, Je dirai quelque jour l’uvulaire dormante : R roulant noir tambour, défaites éclatantes Sous la botte prussienne, au fond d’un Val, personne
Sinon le Dormeur mort ; M vert, laine d’automne, L’amant au vent mauvais, c’est toi, et moi l’amante, Ou bien vice-versa, tous les vices nous tentent, Vert espoir de l’absinthe, un coup de feu détonne ;
B blanc d’Aube d’été, voiles du Bateau ivre, Illuminations dans les festons du givre Qui barbouille la (...)
17 décembre 2012, par Magali D.
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À P. VRLN
P bleu, V blanc, R brun, L noir, N or : consonnes, P Partir, mon regard peint la Mare nostrum L’Égypte puis Aden, nouvel exil d’un homme Aux semelles de vent, mais mon cœur à London ;
V nectar séminal versé dans ton calice Stérile et défendu ; R moulant dans le tube La céleste praline, et moi, jeune succube, Qui t’emmenai, poète, au poste de police ;
L, Love dans cette Ville enfumée de charbon Misère et coups, rupture, ô tristes vagabonds, Tu partis vers Anvers, me laissant sur le pier ;
N (...)
17 décembre 2012, par Franck Garot
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Le pseudo-scandale J’ai pris connaissance du Sonnet du Trou du Cul, coécrit par Verlaine et Rimbaud, au début des années 90, j’étais alors étudiant. Un prof de français avait été mis à pied pour l’avoir fait étudier à des collégiens. On s’offusquait qui de la censure, qui de l’homophobie, qui de l’éducation sexuelle à l’école... Bref, les éternels débats auxquels les médias nous ont toujours habitués. À l’époque, dans mon souvenir, on ne parlait pas de la qualité du sonnet, du contexte, ni même que c’était un (...)
14 février 2013
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Nous reniflerons dans les pissotières, Nous gougnotterons loin des lavabos, Et nous lècherons les eaux ménagères Au risque d’avoir des procès-verbaux.
Foulant à l’envi les pudeurs dernières, Nous pomperons les vieillards les moins beaux, Et fourrant nos nez au sein des derrières, Nous humerons la candeur des bobos.
Un soir plein de foutre et de cosmétique, Nous irons dans un lupanar antique Tirer quelques coups longs et soucieux.
Et la maquerelle entrouvrant les portes Viendra balayer – ange (...)
19 septembre 2013, par Paul Verlaine