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Je n’ai jamais ce rêve affreusement banal D’un fondant chocolat tout tartiné de crème Dont le cœur bien coulant est si souvent le thème Dans les salons de thé d’un bravo général.
Le crumble à la pomme est seul mon adoré Lui seul peut me combler et c’est lui seul que j’aime Saupoudré de gingembre et cannelle ou bien même Seulement croustillant, bien beurré, bien doré.
Vaut-il mieux sucre blond, sucre brun ? Je l’ignore. Quelle cuisson ? Je me souviens : deux cents degrés, On peut compter vingt-cinq minutes (...)
21 novembre 2011, par Magali D.
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X
Pilou est mort.
J’écris cette phrase. Et je n’oublie pas le point.
Ça fait dix mois que Pilou est mort. Dix mois maintenant.
Mon mari est agent immobilier. Ma meilleure amie est enceinte : jusqu’aux yeux comme on dit. C’est bête mais on dit ça. Les deux faits n’ont rien à voir ; je veux dire les deux propositions « mon mari est agent immobilier » et « ma meilleure amie est enceinte » n’ont qu’un lien ténu, voire pas de lien du tout.
Je dis n’importe quoi, je ne devrais pas (...)
14 novembre 2011, par Marianne Desroziers
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Rien.
Sinon une quiche lorraine.
Les petits lardons d’une épaisseur inférieure ou égale à trois millimètres égayent une garniture dorée à souhait et légèrement gonflée, comme par un désir. La pâte brisée nargue les vol-au-vent situés à trente et un centimètres et demi du bord gauche de l’assiette plate en grès dans laquelle elle repose, tandis qu’à son côté gît une salade alanguie. Monsieur la mélangera peut-être avec une cuillère et une fourchette en bois. Grand bien lui fasse. Du vin rouge, situé à un angle de (...)
12 décembre 2011, par Marianne Desroziers
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Au milieu des flacons, des petits pots Danone, Et des meubles made in Crémone, Des marbres, des tableaux, des robes Christian Dior, Qui traînent massées en plis d’or.
Dans une chambre bleue, bijou du groupe Accor, Où un air pourrissant nous mord, Et où un bouquet grand comme un épicéa Exhale un parfum d’Ikea.
Un cadavre sans tête et vêtu d’Eminence, Répand sur l’oreiller qui danse, Un sang rouge et vivant comme un bout d’Olida, Un jambon, un pâté lambda.
Et semblable aux visions qu’enfante Monoprix, (...)
27 février 2012, par Jacques Cauda
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500 g de cerises 3 œufs 150 g de farine 150 g de sucre en poudre 10 g de levure délayée dans l’eau chaude 100 g de beurre une tasse de lait
Elle déposa les cerises dans une terrine beurrée et regarda par la fenêtre. Les enfants couraient sur la pelouse, Nicholas, qui avait déjà atteint les massifs des tritomas rouge flamboyant, se retournant pour attendre les autres. Elle revint aux cerises, pois rouges sur fond blanc, si gais et si plaisants, avec leurs noyaux durs invisibles qu’elle n’enlèverait (...)
14 novembre 2012, par Mark Crick
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Au printemps, quand les dimanches étaient propices, Charles prit l’habitude d’aller à la pêche. Il partait tôt après avoir minutieusement préparé son attirail, ses lignes, son panier, ses appâts, son parapluie tout délavé, son tabouret. Il ajoutait dans sa besace du pain, du lard, des biscuits, une bouteille de vin rouge dont il ferait son repas. Puis il descendait la grand’ rue d’Yonville, chargé comme un baudet, la silhouette indécise et pesante, engoncé dans son lourd manteau usagé tandis que, sur les (...)
26 novembre 2012, par Isabelle Rambaud
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La mythologie a inventé Vulcain, personnage laid, au corps difforme vivant dans la familiarité du terrifiant feu de l’Etna et dont pourtant, l’épouse Vénus est l’incarnation de la beauté. D’autres versions lui prêtent une compagne des plus gracieuses. Il y a souvent un petit pas entre le repoussant et ce qui subjugue. La laideur n’est pas si éloignée de la beauté. Un rien sépare parfois ces deux extrêmes. Et encore plus simplement, une chose laide de l’extérieur peut receler une beauté derrière sa (...)
17 décembre 2016, par Charles Duttine