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Tante Eugénie me reproche mes activités littéraires, dénonce ma pratique du aïe-cul qui serait contre nature et m’invite à me confesser, à me rapprocher de Dieu car selon elle, il n’est de plus beau poème que le psaume. Mais non, Tata, lis mon dernier haïku :
le père le fils le saint esprit
Installé dans le café où j’ai mes habitudes, j’entends mon voisin expliquer à son fils d’environ huit ans ce que tout homme doit savoir : Tu ne le diras pas à maman, hein ? Oui, il ne faut jamais faire souffrir (...)
20 octobre 2011, par Franck Garot
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Caryn me regarde, à moins que ce ne soit Maureen, je ne sais pas les distinguer, elle me fixe d’un œil mauvais car elle n’approuve pas ma réponse, alors qu’elle n’en aurait de toutes les façons pas plus approuvé une autre, quelle qu’elle fût. Mes filles rejettent et critiquent tout ce que je dis, me reprochant sans cesse qu’elles n’ont pas de père, par ma faute. Elles pensent que j’ai décidé qu’elles n’auraient pas de père, alors que je ne sais toujours pas comment j’ai pu tomber enceinte, et je n’ai aucune (...)
29 septembre 2011, par Franck Garot
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Fâché après Cornaline, qui refusa de naître à 8 h 07, je compris son caprice en lisant le certificat de naissance : la 807e du mois.
Les bodys pour bébé de Cornaline sont faits de 807 boutons pressions et d’un peu de tissu.
Si le gros célibataire Savait il courrait Se faire engrosser
15 septembre 2011, par Joachim Séné
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Il est 23 h 07, le livreur casqué de Sushi-Blues sort de l’immeuble d’en face, se colle à la façade, regarde à droite et à gauche et, hop !, glisse un petit pipi le long de la gouttière. Chose qu’il ne se serait pas autorisé à faire trois heures plus tôt.
Le soleil n’est pas encore levé que la famille de mésanges à tête bleue a déjà produit 807 tweets par tête bleue.
Cornaline façonne Les plus petits hoquets Jamais (...)
31 octobre 2011, par Joachim Séné
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Ce siècle au dernier quart était venu ! La carte À puce remplaçait, jusqu’au fond de la Sarthe, La bourse (le pécule) et l’identité (moi), Annonçant que serait brisé le quant-à-soi. Et alors dans Amiens, vieille ville agricole, Jeté comme escargot sur feuille de scarole, Naquit d’un sang picard et créole à la fois Un enfant aux cheveux rouges et discourtois, Si docile qu’il fut, surtout après trois bières, Enragé à jouer ce monde d’après guerre, Passant les jours de pluie sur Tétris et Mario, Les autres (...)
31 octobre 2011, par Joachim Séné
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X
Pilou est mort.
J’écris cette phrase. Et je n’oublie pas le point.
Ça fait dix mois que Pilou est mort. Dix mois maintenant.
Mon mari est agent immobilier. Ma meilleure amie est enceinte : jusqu’aux yeux comme on dit. C’est bête mais on dit ça. Les deux faits n’ont rien à voir ; je veux dire les deux propositions « mon mari est agent immobilier » et « ma meilleure amie est enceinte » n’ont qu’un lien ténu, voire pas de lien du tout.
Je dis n’importe quoi, je ne devrais pas (...)
14 novembre 2011, par Marianne Desroziers
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Ô horror ! horror ! horror !W. Shakespeare, Macbeth
Les Banques ont passé. Tout n’est que ruine et deuil, Poubelle qui déborde, et sur ce sombre écueil, Courent les rats, que des familles Chasseront pour nourrir leurs enfants, car parfois Y gît un vieux MacDo, qui comblera de joie Un chœur dansant de jeunes filles.
Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis Un chômeur aux yeux gris, un jeune Grec, assis, Courbe sa tête, humilié ; Il a pour seul asile, il a pour seul appui La colère (...)
19 janvier 2012, par Magali D.
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Je fus à sa hauteur en deux foulées. Il faisait face à la pâtisserie la plus courue de Pont-Audemer, immobile, un peu voûté sous son blouson terne de demi-saison, et j’ai prononcé les deux syllabes de son prénom, doucement, pour ne pas le faire sursauter. – Laurent... – Toi ? – Je suis presque chez moi ici. Mais toi ? – Viens. Je réfléchissais... Viens boire quelque chose, j’ai le temps. – Le temps, c’est ce qui nous a manqué ? – Ce n’est pas exactement mon impression. Tu as filé comme un voleur. – Comme (...)
5 juin 2012, par Muriel Friboulet
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500 g de cerises 3 œufs 150 g de farine 150 g de sucre en poudre 10 g de levure délayée dans l’eau chaude 100 g de beurre une tasse de lait
Elle déposa les cerises dans une terrine beurrée et regarda par la fenêtre. Les enfants couraient sur la pelouse, Nicholas, qui avait déjà atteint les massifs des tritomas rouge flamboyant, se retournant pour attendre les autres. Elle revint aux cerises, pois rouges sur fond blanc, si gais et si plaisants, avec leurs noyaux durs invisibles qu’elle n’enlèverait (...)
14 novembre 2012, par Mark Crick
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C’est à cause du clair de la lune Que j’assume ce masque nocturne Et de Saturne penchant son urne Et de ces lunes l’une après l’une.
Des romances sans paroles ont, D’un accord discord ensemble et frais, Agacé ce cœur fadasse exprès, Ô le son, le frisson qu’elles ont !
Il n’est pas que vous n’ayez fait grâce À quelqu’un qui vous jetait l’offense : Or, moi, je pardonne à mon enfance Revenant fardée et non sans grâce.
Je pardonne à ce mensonge-là En faveur en somme du plaisir Très banal drôlement qu’un loisir (...)
28 janvier 2013, par Paul Verlaine