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C’est à cause du clair de la lune Que j’assume ce masque nocturne Et de Saturne penchant son urne Et de ces lunes l’une après l’une.
Des romances sans paroles ont, D’un accord discord ensemble et frais, Agacé ce cœur fadasse exprès, Ô le son, le frisson qu’elles ont !
Il n’est pas que vous n’ayez fait grâce À quelqu’un qui vous jetait l’offense : Or, moi, je pardonne à mon enfance Revenant fardée et non sans grâce.
Je pardonne à ce mensonge-là En faveur en somme du plaisir Très banal drôlement qu’un loisir (...)
28 janvier 2013, par Paul Verlaine
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Albes draps, repos calme, ô chambre Où je rentre au Quartier Latin, Ce soir, bien plutôt ce matin ! Soir, matin, en tout cas : décembre.
Les habits sont jetés par-ci Par-là, puis le sommeil me hante. Mais quelle odeur fragre, flagrante, Berçante, alliciante aussi ?
Parfum des extases anciennes, Est-ce, fades mais grisants, vous Qui cernez de tourbillons fous Mon âme, ô vol des amours miennes ?
Non. Vraie est cette exhalaison De senteurs pas trop définies. Elle sort de mes mains unies Pour la très (...)
16 novembre 2012, par Charles Müller,
Paul Reboux
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La pluie dardée De l’embardée D’hirtémone Givre mes dents D’un cri ardent De crémone.
Tout en pêchant Des fleurs le chant De berceuse, Je sens, salin, Un froid vilain De perceuse.
Mon sang laqué, Je suis traqué, Quand s’amorce, En éclatant, Le feu suintant Des écorces.
8 décembre 2011, par Joachim Séné
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Le doux refrain Du slow sans fin De l’été Berçait nos corps De ses accords Répétés.
Tout transpirant Et rouge, quand Il s’achève, J’arrive à prendre Tes lèvres tendres C’est le rêve.
Et nous partons Vers ton futon Pour, tout nus, Danser le feu D’un pas de deux Inconnu.
28 novembre 2011, par Magali D.
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Je n’ai jamais ce rêve affreusement banal D’un fondant chocolat tout tartiné de crème Dont le cœur bien coulant est si souvent le thème Dans les salons de thé d’un bravo général.
Le crumble à la pomme est seul mon adoré Lui seul peut me combler et c’est lui seul que j’aime Saupoudré de gingembre et cannelle ou bien même Seulement croustillant, bien beurré, bien doré.
Vaut-il mieux sucre blond, sucre brun ? Je l’ignore. Quelle cuisson ? Je me souviens : deux cents degrés, On peut compter vingt-cinq minutes (...)
21 novembre 2011, par Magali D.
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Le linceul blanc D’un hiver lent Abandonne La fleur de givre Au carreau ivre Qui s’étonne.
Auprès du feu Mon ventre creux S’engourdit, Tant pis pour celle Qui fut ma belle, Je l’oublie ;
Et je m’endors Bercé par l’or Des tisons, Quand ils crépitent J’entends la fuite Des saisons.
3 novembre 2011, par Sylvie Lainé
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Rêveur, Scapin Gratte un lapin Sous sa capote.
Colombina, — Que l’on pina ! — — Do, mi, — tapote
L’œil du lapin Qui tôt, tapin, Est en ribote...
3 novembre 2011, par Arthur Rimbaud
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Les rires clairs Flottent dans l’air Du printemps Gonflant mon cœur D’une vigueur De vingt ans.
Monte la sève Tandis que rêve Mon amant ; Je me souviens Des jeux anciens Et je mens ;
Et je me sauve À pas de fauve Pourchasser Ici et là Une belle à Embrasser.
10 octobre 2011, par Franck Garot