-
Nous reniflerons dans les pissotières, Nous gougnotterons loin des lavabos, Et nous lècherons les eaux ménagères Au risque d’avoir des procès-verbaux.
Foulant à l’envi les pudeurs dernières, Nous pomperons les vieillards les moins beaux, Et fourrant nos nez au sein des derrières, Nous humerons la candeur des bobos.
Un soir plein de foutre et de cosmétique, Nous irons dans un lupanar antique Tirer quelques coups longs et soucieux.
Et la maquerelle entrouvrant les portes Viendra balayer – ange (...)
19 septembre 2013, par Paul Verlaine
-
Lorsque tu faneras, ma lourde tubéreuse, Le pistil desséché sentant le moisi noir, Tout recroquevillé comme un vil tamanoir, Vite on te jettera dans la poubelle creuse.
L’éboueur haïtien à la mine peureuse Saisissant le grand bac dans l’infâme couloir De l’usine à débris te fait, sans le vouloir, Comme l’a dit Camus, don d’« une mort heureuse »,
Tu renaîtras alors en un compost béni (Car tout cycle à la fin se transforme en poème) ; L’écologiste a dit : rien n’est jamais fini
Lys, oignons et poireaux, même (...)
14 janvier 2013, par MO
-
Au milieu des flacons, des petits pots Danone, Et des meubles made in Crémone, Des marbres, des tableaux, des robes Christian Dior, Qui traînent massées en plis d’or.
Dans une chambre bleue, bijou du groupe Accor, Où un air pourrissant nous mord, Et où un bouquet grand comme un épicéa Exhale un parfum d’Ikea.
Un cadavre sans tête et vêtu d’Eminence, Répand sur l’oreiller qui danse, Un sang rouge et vivant comme un bout d’Olida, Un jambon, un pâté lambda.
Et semblable aux visions qu’enfante Monoprix, (...)
27 février 2012, par Jacques Cauda
-
Dans le palais de jade où tu tisses tes, rêves, Ô mon spleen, je contemple, en fumant le houka, L’étrange accouplement qui rapproche deux Èves : La géante Chum-Chum, la naine Sélika.
Chum-Chum vient de la Chine et Sélika d’AfrIque, L’une, jaune, est pareille à quelque énorme coing, L’autre est couleur de nuit, Sapho microscopique, Et leur disparité s’oppose et se conjoint.
De la gloire pourtant leur entr’ouvrant la porte, Je peux les égaler à ces affreux dragons Qu’un amour de poète en son sillage (...)
19 décembre 2011, par Charles Müller,
Paul Reboux
-
Quand mon âme vomit la beauté, le divin, Les chœurs harmonieux et la femme trop pure, Ma gourme la conduit par une sente obscure Vers la case aux relents de vanille et de vin.
Nu sur le lit m’attend le corps noir et puissant D’une esclave à l’œil las, délivrant sa chair veule. Sous sa bouche corail, frémit, se cambre et feule Une vestale juive au saphisme innocent.
Hanches et seins blafards, ventre et cuisses d’ébène Ne sont plus qu’un grouillis de stupre et de désirs. Ô temples entr’ouverts, ô (...)
24 octobre 2011, par Georges Flipo
-
Je suis né, j’ai vécu au sommet de ces tours Dont les néons blafards décolorent la nuit Et dont les ascenseurs en panne tous les jours Illuminent de tags les murs pourris d’ennui.
Les larsens vibraient seuls dans ces déserts figés. « Fuck you Sarko, hey mort aux keufs, niquez vos mères » Rappaient de grands lascars en panne de projet Coincés entre Reebok, RSA et les Frères.
C’est à l’hosto que j’ai clamsé dans le couloir Avec clodos, paumés, compagnons de panade, Tous les habitués des paniers à salade, (...)
17 octobre 2011, par Magali D.
-
Le ciel silencieux au fond de moi plongeait. Soudain, devant mes yeux, l’ombre mystérieuse D’un inconnu surgit. Sa forme harmonieuse Ravive en mon esprit un souvenir que j’ai.
Je m’imagine alors, corps tendu comme un arc, Mon amant d’autrefois, ami de Michel Ange Dont le corps d’ambre blond, et le visage d’ange Me hantent chaque nuit. Je le suis dans le parc.
C’est bien lui ! Quel bonheur ! Mon amour, mon grand maître Va s’élancer vers moi... Mais son trop long silence Résonne comme un glas, terrible (...)
22 septembre 2011, par MO