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À P. VRLN
P bleu, V blanc, R brun, L noir, N or : consonnes, P Partir, mon regard peint la Mare nostrum L’Égypte puis Aden, nouvel exil d’un homme Aux semelles de vent, mais mon cœur à London ;
V nectar séminal versé dans ton calice Stérile et défendu ; R moulant dans le tube La céleste praline, et moi, jeune succube, Qui t’emmenai, poète, au poste de police ;
L, Love dans cette Ville enfumée de charbon Misère et coups, rupture, ô tristes vagabonds, Tu partis vers Anvers, me laissant sur le pier ;
N (...)
17 décembre 2012, par Franck Garot
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Lorsque tu faneras, ma lourde tubéreuse, Le pistil desséché sentant le moisi noir, Tout recroquevillé comme un vil tamanoir, Vite on te jettera dans la poubelle creuse.
L’éboueur haïtien à la mine peureuse Saisissant le grand bac dans l’infâme couloir De l’usine à débris te fait, sans le vouloir, Comme l’a dit Camus, don d’« une mort heureuse »,
Tu renaîtras alors en un compost béni (Car tout cycle à la fin se transforme en poème) ; L’écologiste a dit : rien n’est jamais fini
Lys, oignons et poireaux, même (...)
14 janvier 2013, par MO
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C’est à cause du clair de la lune Que j’assume ce masque nocturne Et de Saturne penchant son urne Et de ces lunes l’une après l’une.
Des romances sans paroles ont, D’un accord discord ensemble et frais, Agacé ce cœur fadasse exprès, Ô le son, le frisson qu’elles ont !
Il n’est pas que vous n’ayez fait grâce À quelqu’un qui vous jetait l’offense : Or, moi, je pardonne à mon enfance Revenant fardée et non sans grâce.
Je pardonne à ce mensonge-là En faveur en somme du plaisir Très banal drôlement qu’un loisir (...)
28 janvier 2013, par Paul Verlaine
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Épris d’absinthe pure et de philomathie Je m’emmerde et pourtant au besoin j’apprécie Les théâtres qu’on peut avoir et les Gatti. “Quatre-vingt-treize” a des beautés et c’est senti Comme une merde, quoi qu’en disent Cros et Tronche Et l’Acadême où les Murgers boivent du ponche. Mais plus de bleus et la daromphe m’a chié. C’est triste et merde alors et que foutre ? J’y ai Pensé beaucoup. Carlisse ? Ah ! non, c’est rien qui vaille À cause de l’emmerdement de la mitraille !
F. (...)
21 janvier 2013, par Paul Verlaine
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Le pseudo-scandale J’ai pris connaissance du Sonnet du Trou du Cul, coécrit par Verlaine et Rimbaud, au début des années 90, j’étais alors étudiant. Un prof de français avait été mis à pied pour l’avoir fait étudier à des collégiens. On s’offusquait qui de la censure, qui de l’homophobie, qui de l’éducation sexuelle à l’école... Bref, les éternels débats auxquels les médias nous ont toujours habitués. À l’époque, dans mon souvenir, on ne parlait pas de la qualité du sonnet, du contexte, ni même que c’était un (...)
14 février 2013
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M. Joachim Séné, pasticheur de littérature reçoit le courrier électronique suivant qu’il nous prie de publier sur notre site :
Monsieur,
Depuis 7 ans, je souffrais du mal des transports ferroviaires aggravé par une coulrophobie et une alexandrite bégayante.
À la lecture de Notre Auber de Hervé le Tellier un mieux sensible s’est manifesté dans mon état ; une application d’un quatrain quotidien de votre Métro ivre m’a ensuite radicalement guérie.
Je précise avoir utilisé la version numérique et (...)
26 janvier 2013, par Franck Garot
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C’est un large fauteuil — Louis quinze peut-être — Il est là dans un coin avec des airs de veuf Son beau reps jaunissant n’est plus tout à fait neuf, Et son bois très ancien fleure encor bon le hêtre.
Que fait-il esseulé, ce vénérable ancêtre Qu’éclaire la lueur sourdant d’un œil de bœuf ? Son dossier disparaît dessous un drap d’Elbeuf Et ses bras sont tendus, semblant chercher un maître.
Il se souvient, c’est sûr, des grands postérieurs, Des bandes de gamins sautant sur lui, rieurs, Des fessiers de marquis, (...)
3 janvier 2016, par Jean Calbrix
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Le soleil éclairait la moitié nord du rectangle de pelouse vert sombre que le mois de juillet avait rehaussé des fleurs de trèfle blanches aux têtes pointillistes tandis que la zone sud était rafraîchie par l’ombre du hangar de briques orange, sales, cuivrées, dont la haute porte coulissante de bois goudronné était fermée, les trois autres côtés de la pelouse étaient clos par du grillage plastifié tressé en losanges, nu de toute végétation ornementale et formant une fragile frontière avec un champ de blé (...)
18 juin 2019, par Joachim Séné