C’était sur un marché, dans les files d’attente entrecroisées du poissonnier, du fromager et du marchand de bonbons. Ou dans le rayon d’un supermarché ; rayon alcools ou cosmétiques, jouets ou peut-être biscuits apéritifs. Cette femme courte et haute disait ce qu’elle pensait dans de longues haines. Elle était ridée mais ses yeux étaient jeunes. Peut-être était-ce le contraire mais ce que je sais : son visage. Son visage s’imposait comme connu alors même que j’étais sûr de ne l’avoir jamais vu. Elle mentait à tous, allait et venait et disait tout et son contraire qu’il était facile de vérifier dans ses souvenirs, auprès de ses proches ou dans les journaux et les livres d’histoires, les encyclopédies. Mais quand chacun, chez soi, seul devant la chaleur vibrante de sa télévision y repensait, c’était simplement la vérité qu’elle avait énoncée et qui s’estompait dans les esprits brumeux après le cinquième spot publicitaire.