« Je voudrais, je voudrais cher vendeur, très cher fournisseur, amical professionnel, ce que vous faites de plus délicat comme laine, la plus douce, la plus travaillée, la plus artisanale car j’aime la douceur et la finesse, le travail des hommes et le goût moderne et la surprise. Donc si cette laine vous l’avez hardiment teinte, filée, tricotée, si les couleurs et la trame sont inattendues et pourtant évidentes, eh bien je prends, qu’importe le prix. »
Ce à quoi le vendeur répond :
« J’ai mieux pour vous et même moins cher car je sais ce qu’il vous faut et que vous ignorez. J’ai un coton fait machine coupé main dans un pays lointain sans inutile loi où des enfants muets travaillent et sont rémunérés, le savez-vous, presque autant que le seraient leurs parents si ceux-là travaillaient ou étaient encore en vie. Et quant à la chaleur et à la qualité de ce faux lainage, étant donné le prix achetez-en trois pour le prix de deux car ce sont les couches qui font la qualité du chaud. Et regardez, surtout ceux-là, ces couleurs-là, qui sont à la mode car la mode vous fait et vous rend ce que vous devez être, achetez ça sinon vous serez moins qu’humain. Je vous fais crédit à faible taux, signez-ici. »
Chœur des amateurs de laine, de cinéma, de littérature, de musique, amateurs en tous genres : « Ai-je le choix ? »